The first letter after liberation (Lélex, Jura, 1944)
My
mother, Eileen, travelled to France to stay with her Uncle Dick in St. Claude
in the Jura from August 1939 until April 1940. She became (eventually lifelong) friends with another young
woman, Simone Benoit Gonin
– later to be Simone Epchtein,
after she married Georges, a member of the resistance – while giving English
lessons in the town.
This letter, written on 30
November 1944 in Lélex, a small village close to the Swiss border, is Simone’s
first letter sent to Eileen after the liberation of St. Claude, explaining what
had happened to her during wartime in the Jura.
(The original has been
deposited with the Imperial War Museum in London)
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This photo isn’t great, but it’s got a bit of me in
it – apart from the smile which is totally ‘as instructed’
Cette photo n’est
pas belle mais c’est un peu moi quand même, sauf le sourire qui est tout à fait
de ‘commande’
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Lélex le 30 Novembre
Vive la R.A.F
Bonjour, mille bonjours chère Eileen
Je viens de recevoir ta lettre
et j’y réponds vite, bien vite. Je ne sais par quel bout commencer pour tout te
dire. Merci de n’avoir pas oublié ‘Simone’ après tant de jours d’absence et de
silence. Eileen tout d’abord je te dis que je ne suis pas mariée et que ton
amitié m’est aussi chère que par le passé.
Lélex, November 30
Long live the R.A.F!
Hello, a thousand hellos, dear Eileen
I have just received your letter and am answering
it quickly, very quickly. I don't know where to start in telling you
everything. Thank you for not forgetting ‘Simone’ after so many days of absence
and silence. Eileen, first of all let me tell you that I am not married and
that your friendship is as dear to me as in the past.
Comme tu m’as quittée, tu me
retrouves un peu plus grave, un peu plus âgée mais toujours la même dans le
fond. Si je sais un peu moins d’anglais, je n’ai cessé de penser à toi pendant
ces années abominables. Chaque dimanche depuis 1940, j’offre à la messe des
souffrances de joies et des prières pour ma grande amie d’Angleterre.
Mais revenons en arrière. En
1940 à la grande débâcle, tu ne peux imaginer comme ce fut triste. Je voulais
partir aux colonies afin de rester une française combattante mais j’étais trop
jeune et puis comment faire ? Comment laisser, toute ma famille alors que Lélex
devait être occupé par les Allemands ? Nous sommes restés en France pour
que « les Boches » n’y fassent pas, tout ce qu’ils auraient voulu
faire.
Since you left me, you’ll find me a little more
serious, a little older, but still the same at heart. Although I recall a
little less English, I have never stopped thinking of you during these terrible
years. Every Sunday since 1940, I have offered blessings and prayers at Mass for
my great friend from England.
But let's go back to the start. In 1940, after the
great debacle, you can't imagine how sad things were. I wanted to go to the
colonies to become a French fighter but I was too young and how could I? How
can I leave all my family when Lélex was going to be occupied by the Germans?
We stayed in France so that "Les Boches" wouldn’t be able to do
whatever they wanted to.
Après la débâcle je quittai St
Claude (l’E.P.S) car je trouvais que la directrice acceptait trop facilement la
défaite et l’occupation. Je continuai mes études à Besançon. La vie ne me fut
pas facile mais très chic tout de même. L’internat était occupé par les
allemands. Je dus partager une chambre en ville avec une camarade.
After the debacle I left the college in St Claude
because I felt that the director had too easily accepted defeat and occupation.
I continued my studies in Besançon. Life wasn't easy, but it was very nice all
the same. The boarding school was occupied by the Germans. I had to share a
room in town with a classmate.
C’était une vie plus libre mais
plus dure. Durant l’hiver 1941 nous sommes restées des mois entiers sans bois, très
mal nourris, plusieurs fois nous avons dû disputer âprement notre logement car
les Allemands voulaient nous mettre à la porte. Cependant tu peux croire que
j’ai fait malgré tout de bonnes études.
J’ai connu aussi la grande misère
des petites gens de France. Pendant toute l’année 1942 avec une de mes amies
j’ai passé la majeure partie de mon temps à essayer de soulager un peu ces
pauvres malheureux que le gouvernement de Vichy laissait mourir de faim.
It was a life that was freer but harder. During the
winter of 1941 we went for entire months without wood, very malnourished,
several times we had to fight hard for our accommodation because the Germans
wanted to kick us out. However, you better believe that I studied well despite
everything.
I also experienced the dire poverty of the ordinary
people of France. Throughout 1942, with one of my friends, I spent most of my
time trying to help some of these poor unfortunates that the Vichy government
was letting starve to death.
On voulait nous mettre dans le
secours National de Pétain mais il aurait fallu être fou pour ne pas voir que cette
organisation était en partie au service des Allemands. Eileen, chère petite Eileen,
les Allemands avaient amené la pourriture en France et de cela j’ai souffert
avec toutes les françaises, avec tous les français ayant une conscience. Dans
un pauvre faubourg de Besançon j’ai vu mourir de misère un père de 4 enfants,
j’ai vu des vieux laissés sans secours, des petits sans lait. C’était une honte
! Une honte indescriptible. Tout cela c’était la faute des “boches” et des
collaborateurs. Inutile de te dire que nous les avions en horreur.
They wanted us to sign up with Pétain’s ‘Secours
National’ but you would have had to have been crazy not to see that this organisation
was run partly in the interests of the Germans. Eileen, my dear little Eileen,
the Germans brought such degradation to France and I suffered from it alongside
all the French who had a conscience. In a poor suburb of Besançon I saw a
father of 4 die of poverty, I saw old people left without help, little children
without milk. It was a disgrace! An indescribable disgrace. All this was the
fault of the "boches" and the collaborators. Needless to say, we
hated them.
Je te raconterai petit à petit notre
petite résistance. Je te promets de ne rien exagérer car je voudrais que tu saches
la vérité sur la France. En 1942 je suis sortie institutrice et je fus nommée à
Lélex ou je suis restée jusqu’au 1er Octobre cette année. C’est bien chic
l’enseignement rien n’est plus beau lorsqu’on porte au cœur un idéal.
I'll tell you bit by bit about our little
resistance. I promise you that I won't exaggerate anything because I want you
to know the truth about France. In 1942 I qualified as a teacher and was
appointed to Lélex where I stayed until October 1st this year. Teaching is beautiful
and nothing is more beautiful than when you are carrying an ideal in your
heart.
Ma vie d’institutrice ? Tu
sais, elle fut simple et pleine. J’ai étudié encore un peu mes chers auteurs
car je ne peux pas me passer d’apprendre toujours. Maintenant la liberté nous a
été rendue et c’est facile mais avant ce n’était pas toujours possible.
J’habitais seule dans la maison d’école, une nuit je dus me sauver à 2 heures
du matin, des allemands ivres venaient frapper à ma porte à coups de crosse. Peut-être
voulaient ils me “dresser” comme ils ont fait à une de ma compagne qu’ils ont tuée
dans sa chambre une nuit.
My life as a teacher? You know, it was simple and
full. I still studied my favourite authors a little because I can’t do without
learning all the time. Now freedom has been given to us, it’s easy but it wasn’t
always possible then. I lived alone in the school house. One night I had to run
away at 2 a.m. Some drunken Germans were knocking at my door with sticks. Maybe
they wanted to "train" me like they did to one of my friends whom
they killed in her room one night.
Eileen quand je pense que je
fus une favorisée du sort une indignation sans nom me soulève !
Heureusement il y avait là-bas, à Londres la voix du notre général de Gaulle. Pendant
toute l’occupation je n’ai cessé de porter ma croix de Lorraine. De temps en
temps je la regardais avec une infinie tristesse. J’aurais voulu savoir que
faire mais il fallait rester là comme une fille lâche et sans élan et faire la
classe à des petits enfants sous le vieux regard du maréchal Pétain. (A la
place du buste de la République on avait mis ce portrait, hélas, hélas !)
Eileen when I think that I was favoured by fate, a
nameless outrage rises within me! Luckily, there was the voice of our General
de Gaulle from London. Throughout the occupation I kept on wearing my Lorraine
cross. From time to time I looked at it with infinite sadness. I wanted to know
what to do, but you had to stay there like a cowardly girl without motivation
and teach little children under the old gaze of Marshal Pétain. (His portrait had
replaced the bust of the Republic, alas, alas!)
Puis dans notre Jura le
« maquis » peu à peu s’organisa. Au début ce ne fut pas drôle. A
partir de ce moment nous avons connu la barberie allemande. La maison de
grand-mère fut pillée et bien d’autres aussi. Toutes les maisons de la Faucille
ont brulé. Mais le plus triste ce sont les morts, ces petits morts de 16 ans,
17 ans, les glorieux morts du « maquis de France ». Il y avait un
camp de résistance dans la ferme voisine de la nôtre et j’ai connu ces gars
comme des frères. Oh ! ce fut beau et grand. Aujourd’hui je résumé mais
bientôt je te raconterai bien en détail.
Then, in our Jura, the "maquis" gradually
organised itself. From the start, it was no laughing matter. From the outset,
we experienced German barbarism. Grandmother’s house was looted and many others
were too. All the houses on La Faucille were burned. But the saddest were the
dead, the youngsters killed at 16 and 17 years of age, the glorious dead of the
"maquis de France". There was a resistance camp in the neighbouring farm,
and I knew these guys like brothers. Oh! it was beautiful and great. Today I am
only summarising, but soon I will tell you better and in more detail.
Tout mon cœur crie « vive
la France, vive de Gaulle » Les souffrances matérielles sont amères
parfois bien sûr, mais
de ne plus avoir de patrie, c’est plus terrible que tout. J’avais peur que toi,
chère amie anglaise, tu me détestes, j’avais peur que tu me croies devenue une
« collaboratrice » du régime allemand. Moi, j’aime ton pays plus que
tous les autres car c’est lui qui a recueilli tous nos espoirs. Merci à la radio
de Londres, merci à la terre libre qui nous envoya tant de messages de
confiance. Merci à l’Angleterre qui nous rendit De Gaulle.
La vie n’est pas encore normale
en France mais il y fait bon, très bon. Je suis fière de nouveau, oh ! la liberté,
la patrie, l’honneur ! Tout nous est rendu, grâce aux alliés, grâce à
Dieu !
My whole heart cries out "Long live France,
Long live de Gaulle". Material suffering is, of course, sometimes bitter,
but to have no homeland is more terrible than anything. I was afraid that you,
my dear English friend, might hate me, I was afraid that you would think that I
had become a "collaborator" of the German regime. I love your country
more than any other, because it is you who gathered all our hopes. Thanks to the
radio from London, thanks to the free nation that sent us so many messages of
confidence. Thanks to England for returning De Gaulle to us.
Life is not normal in France yet but it is good,
very good. I'm proud again, oh! freedom, homeland, honour! All thanks to the
Allies, thanks to God!
Que nous importe de dépenser
maintenant toute notre énergie pour la reconstitution de la patrie, Qu’importe
pourvu que la France revive grande forte et belle. Dans quelques temps je vais
partie à Besançon pour demander si je peux être utile dans l’armée et puis je
reprendrai la classe, en préparant une licence de français.
Je suis très heureuse de savoir
que ta famille est intacte. Chez nous c’est pareil sauf que j’ai deux cousins
que les Allemands ont emmenés en Allemagne. Nous sommes très en souci pour l’un
d’eux qui a été ramassé au cours d’un bataille près de St. Claude. Où est-il,
le pauvre ? Pourvu qu’il ne soit
pas martyrisé !
It is important for us now to exert all our energies
in the rebuilding of our homeland. It is important for France to grow strong
and beautiful again. Soon, I will go to Besançon to ask if I can be of use in
the army and then I will return to the classroom, ready to qualify in French.
I'm very happy to know that your family is intact.
It’s the same with us except that I have two cousins that the Germans took to
Germany. We are very concerned for one of them who was picked up during a
battle near St. Claude. Where is he, the poor guy? May he not be martyred!
Chère, bien chère Eileen je termine
ma lettre. C’est un charabia ! Je suis trop contente. La prochaine fois je
tacherai d’écrire un peu anglais mais tu peux imaginer comme j’ai oublié.
J’ai tout donné mes livres à un
jeune étudiant de la résistance et depuis ce temps-là je n’ai plus fait d’Anglais.
Enfin je vais m’y remettre dès que je pourrai car il faut que nous puissions
très bien nous comprendre lorsque nous nous reverrons.
Dear, dear Eileen I will end my letter now. It’s
full of gibberish! I'm so happy. Next time I will try to write a little English
but you can imagine how much I have forgotten.
I gave all my books to a young student in the resistance
and since then I have not done any English. I must finally get back to it as
soon as I can, because we need to understand each other really well when we
meet again.
Ah ! vive la paix,
l’Angleterre, les Alliés, la France et ma chère petite amie d’Angleterre. Tu ne
sauras jamais comme je t’admire pour tout ce que tu as fait. Tu te rappelles
que je n’étais pas flatteuse, je ne le suis pas devenue mais Eileen tu n’as pas
changé, tu as grandi, tu as souffert, tu as fait la guerre d’une belle manière.
Que Dieu te rende heureuse comme je te le souhaite.
Ecris mois vite, je te renverrai
une grande réponse et une photo pour que tu vois que c’est toujours
« moi » la petite Saint claudienne avec laquelle tu faisais de la
psychologie.
Je t’embrasse de tout mon cœur
et je te dis à bientôt.
For ever, your little friend Simone
Ah! Long live peace, England, the Allies, France
and my dear girlfriend from England. You will never know how much I admire you
for everything you have done. You remember that I was never a flatterer, and I
haven’t become one, but Eileen you didn’t change, you grew up, you suffered,
you played your part in the war in a good way. May God make you as happy as I
wish you can be.
Write soon, I will send you a long answer and a
photograph so that you can see that it is still "me" the little Saint
Claudienne with whom you were doing psychology.
I kiss you with all my heart and tell you ‘see you
soon’
For ever, your little friend Simone
PS Comme tu écris bien le
Français. J’ai honte moi mais je vais m’y remettre de tout mon coeur à cette
belle langue anglaise.
2eme PS Les Allemands ont emmené
Raymonde Patillon (tu te souviens, cette jolie brune qui était dans ma classe.)
Elle était institutrice et dans la résistance.
3eme PS Mon adresse n’a pas changé :
Simone Benoit Gonin, aux Grandes Gouilles, Lélex (Ain)
4eme PS Dis bonjour pour moi à toute
l’Angleterre. Je prie sans cesse pour tous lorsque j’entends que les Allemands
( j’ai peine à ne pas dire les boches ) ont bombardé Londres avec leurs engins
abominables. Il a fallu cette guerre pour que nous apprenions à connaître cette
race et surtout leur civilisation de barbares. Nous les avons eu 4 ans, ils
venaient de force dans nos maisons et bien, je ne sais dire en Allemand que “ya
ya”
Tu vas bien trouvé que j’ai été
bête de ne pas apprendre leur langue. Il y en a qui se sont instruits, moi, je
n’ai pas pu. Tant pis, tant pis, il y avait du sang dans ces mots germaniques,
du sang aimé.
Good bye
PS How well you write French. I am ashamed of
myself, but I will get back to work, with all my heart, on this beautiful
English language.
2nd PS The Germans took Raymonde Patillon (you
remember, that pretty brunette who was in my class.) She was a teacher and in the
resistance.
3rd PS My address has not changed: Simone Benoit Gonin, aux Grandes Gouilles, Lélex
(Ain)
4th PS Say hello to all of England for me. I always
pray for everyone when I hear that the Germans (I can hardly say the boches)
bombed London with their abominable devices. It took this war for us to learn
about this race and especially their barbarous civilization. We had them for 4
years, they came by force into our houses and well, all I can say in German is
"ya, ya"
You'll find it silly that I didn't learn their
language. There are some who learned, I couldn’t. Too bad, too bad, there was
blood in these Germanic words, blood of loved ones.
Good bye
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